Budget participatif : Est-ce une façon d’acheter la paix sociale ?

Les budgets participatifs modernes sont nés en 1989 au Brésil. Ils ont été inventés comme un contre-pouvoir à une « démocratie associative » qui donne un budget à des associations qui décident pour les citoyens. En France moins d’une centaine de villes ont un budget participatif. Les retours d’expérience démontrent qu’ils introduisent une mutation dans la citoyenneté locale.

Invitées à l’Assemblée nationale par le groupe de travail « La démocratie numérique et les nouvelles formes de participation citoyenne », plusieurs collectivités sont venues présenter les modalités de leurs budgets participatifs. Toutes évoquent une « dynamisation » de la citoyenneté, à l’unanimité. Elles ne cachent pas, tout de même, que ce type de projets doit impérativement être « accompagné physiquement sur le terrain » pour toucher le plus de monde possible.
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une convergence entre des élus en « recherche de nouveaux liens de confiance à tisser et des citoyens qui aspirent de plus en plus à participer à la vie de leur cité ». (…) les budgets participatifs « s’adaptent aux collectivités de toutes les tailles de 1000 à 1 million d’habitants »
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À Rennes, Stéphane Lenfant, chef de projet Démocratie locale, décrit un budget participatif qui en est « à sa troisième saison » : « 5% du budget investissement, soit 3,5 millions euros, est aujourd’hui en budget participatif. Nous avons des projets variés allant d’aménagement de proximité, comme des jardins partagés à de grands projets structurants, type jardin flottant. Mais surtout, nous sommes passés entre 2015 et 2017 de 7000 votants à 16 000 ! » Et Stéphane Lenfant de noter un « engouement des habitants, qui se saisissent de la démarche et n’hésitent pas à faire campagne pour leurs projets sur les réseaux sociaux et sur le terrain. Le budget participatif a vraiment dynamisé la citoyenneté ».
Mêmes impressions à Paris (100 millions d’euros soumis aux 98 000 votants en 2017, soit 7% des Parisiens) qui voit dans cet outil participatif l’occasion de « toucher un jeune, les moins de 40 ans, qui ne viennent pas forcément aux conseils de quartier », explique Marie Colou, sous-directrice à la direction de la démocratie, des citoyen.ne.s et des territoires de la ville. À Montreuil, une ville « qui aime le débat », Sylvie Baste-Deshayes, responsable du service démocratie participative, l’initiative a également « pris » avec la présentation l’année passée de 129 projets aux habitants dont 35 ont été retenus !

Pédagogique… et décloisonnant !

Pour Marie Colou, de Paris, les budgets participatifs ont également un rôle « pédagogique auprès des habitants. Cela nous permet d’expliciter les règles de l’administration, les coûts des projets qu’ils déposent et le temps dont on a besoin pour les mettre en œuvre. Les Parisiens comprennent mieux nos contraintes ! Par ailleurs, nous devons également beaucoup expliquer ce qui relève ou non de notre compétence-ville. Par exemple, nous avons beaucoup de projets autour des stations de métro, alors que c’est le STIF ». Autre intérêt : celui de « changer » les fonctionnements au sein des services, car « souvent les projets – qui n’ont pas été pensés par des ingénieurs – ne dépendent pas d’une seule direction, et sont au contraire protéiformes » constate Marie Colou qui reconnaît « quelques frictions entre services qu’il faut gérer ».

 

À Montreuil, Sylvie Baste-Deshayes a par ailleurs constaté le besoin des habitants, au travers des projets déposés, de voir également « pris en charge des questions sociales ». « Nous réfléchissons donc à créer des partenariats avec des associations sur ces points ».
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Ces trois villes sont enfin tombées d’accord sur la nécessité de ne pas se contenter d’une plateforme numérique pour communiquer. Ainsi, à Rennes, Stéphane Lenfant évoque un « décrochage et une fracture numérique bien réels des quartiers les plus fragiles et éloignés », d’où l’idée dans cette ville de revenir « au vote papier » et de veiller à communiquer sur le terrain sur le budget participatif. Même constat à Paris qui installe à chaque vote une centaine d’urnes dans la capitale, qui partage cette idée d’accompagner « physiquement le projet ». sur le terrain À Montreuil, cet enjeu a également été identifié, la ville tenant elle-aussi à aller « chercher tous les publics ». Il a donc été décidé de « démultiplier les réunions » a expliqué Sylvie Baste-Deshayes.

 

Un pari réussi pour ces trois villes qui ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. À Paris, Marie Colou a déjà remarqué un fort engouement des Parisiens pour « participer après le vote à la mise en œuvre des projets aux côtés des techniciens de la ville ! »

La réussite d’un budget participatif passe par l’éducation et la motivation

Dans le cadre d’une / , nous voyons que le concept de smart people () est important pour le budget participatif. Il permettrait de ne pas avoir à revenir au papier comme c’est fait à Rennes. La fracture numérique n’a pas lieu d’être quand 6 Français sur 10 est un mobinaute et que le taux de pénétration des smartphones est de 80%. Néansmoins, il y a encore beaucoup à faire en matière de budget participatif. Et les deux priorités de tout projets doivent être l’éducation et l’implication. Mais avant tout lancement d’un budget participatif, il faut avoir une vision et bien définir le cadre en fonction de celle-ci. Typiquement dans le cadre d’un centre-ville / cœur de ville, un budget participatif sur l’aménagement du territoire urbain peut très vite devenir contre-productif.  
 

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