Créons-nous un nouveau tier monde dans nos tiers lieux ?

L’Afrique est vue par beaucoup comme le prochain grand acteur économique mondial. Mais aujourd’hui une grande partie de ce continent est toujours dans la pauvreté. Plusieurs initiatives visent à l’en faire sortir. Il va sans dire que l’échec n’est pas une option. Notre civilisation sortira plus forte de la réalisation des SDG (). Mais il faut s’inquiéter des effets rebonds et attendre qu’ils apparaissent n’est pas une option non plus. Car si le développement de la Chine a tué une partie de l’industrie Européenne, aujourd’hui avec le , nous ne parlons plus seulement d’industrie manufacturière mais également de tous ces travaux à forte valeur ajoutée. Les tiers lieux peuvent réellement très vite devenir un tier monde.

Reconnecter les jeunes femmes africaines au monde du travail grâce aux micro-tâches numériques, c’est l’ambition de la plateforme d’externalisation socialement responsable Isahit.
Un vent de conscience sociétale et de justice sociale s’est engouffré dans la porte de Versailles à l’occasion de Viva Technology, les 24 et 25 mai dernier. La réconciliation entre “Good business” et “Tech for Good” était sur toutes les lèvres et dans tous les esprits, des têtes d’affiches (Emmanuel Macron, Satya Nadella, Alexandra Cadain) aux entrepreneures engagées (Leila Janah, Aurélie Jean, Joséphine Goube) en passant par de plus petites initiatives moins médiatisées telles que celle proposée par la start-up française Isahit. C’est pour enrayer le fléau de la pauvreté dans le monde et pour encourager l’émancipation des jeunes femmes africaines que la jeune pousse a lancé, en juin 2016, sa plateforme d’externalisation de tâches digitales, socialement responsable, à destination des entreprises françaises. Les “HITeuses” africaines (HIT pour human intelligence task), réalisent des micro tâches telles que de la modération de vidéos ou autres tags d’images, un complément de revenus leur permettant de financer un projet entrepreneurial ou des études tout en acquérant des compétences digitales pour se préparer aux métiers numériques de demain. Et la jeune pousse s’est fixée pour objectif de donner du travail à 3350 personnes issues des pays emergents d’ici 2020. A l’heure où sur les 7,6 milliards d’habitants que compte le planète on en compte 2,8 milliards qui vivent avec moins de 2 euros par jour (soit 37%), l’ambition de cette plateforme d’impact sourcing ne peut être que saluée. Il n’en demeure pas moins qu’un tel modèle ne peut être que transitoire, le risque étant la généralisation de la précarisation du travail numérique. Ce modèle doit donc simplement se concevoir comme un chemin vers l’emploi. Car le social n’est plus l’apanage de l’Etat et des associations, l’entreprise d’aujourd’hui et demain a plus que jamais, un rôle à jouer. Car sans justice sociale, pas d’économie durable.
Rédigé par Oriane Esposito

Ca n’a rien de personnel, ce sont les affaires. Alors que l’intelligence émotionnelle est considérée comme de plus en plus importante pour les manager, la logique économique reste prédominante au niveau macro. Et comme toute logique, elle est froide et impersonnelle. Elle a une intelligence qui dépasse l’humain et donc le sociale. Or, par le télétravail (), de nombreuses missions peuvent être délocalisées. Cela ne semble pas être un problème lorsqu’il s’agit pour une entreprise basée en France de travailler avec une autre entreprise basée dans une autre région française. Mais l’est-ce vraiment quand cela retire de l’emploi d’une région déjà bien faible économiquement. Et quand l’entreprise est basée ailleurs en Europe, est-ce toujours aussi simple ? Il y a eu les maçons italiens, les bonnes portugaises et plus récemment la clause Molière. Nos voisins Suisses parlent aujourd’hui de résidents dans leurs offres d’emplois. Alors que penser quand l’entreprise est hors de l’Europe ? Les vases communicants entre l’industrialisation de la Chine et celle de l’Europe amenant finalement à la désindustrialisation de cette dernière répondent en parti à la question. Lorsque le phénomène a été vraiment visible, il a été dit que les emplois qualifiés et ceux liés à l’innovation resteraient en Europe. Mais en 2016, la Chine a posé plus de demande de brevet, que les Etats-Unis, le Japon, la République de Corée et l’office européen des brevets réunis ! Nous pouvons donc nous interroger sur les effets contre-productrifs des initiatives qui veulent permettre aux gens vivant avec moins de $2 par jours de sortir de la pauvreté en se mettant au micro-travail. Que va-t-il se passer quand ils vont se connecter et entrer en concurrence avec les télétravailleurs Européens ? Forcement ils seront compétitifs face à ceux à qui il faut $39 par jour pour ne pas être sous le seuil de pauvreté.

Alors faut-il payer les télétravailleurs du tier monde au même salaire que ceux des pays développés ? Non car cela ferait exploser l’indice GINI de leurs pays. Il en résultera au mieux une inflation galopante, au pire des tensions sociales pouvant destabiliser une démocratie. 

Alors faut-il payer les télétravailleurs des pays développés comme s’ils vivaient dans le tier monde ? Le seul de pauvreté en France est à $39 par jour. Suivant les études, la mendicité rapporte entre 5 et 30 euro avec une moyenne à 15 € ($18) par jours en France (). Qui travaillera alors pour $2 par jour ? Face à ce dumping social, les télétravailleurs Européens n’ont aucune chance si rien n’est fait. 

Il faut absolument que les élus et les tiers lieux travaillent sur cette problématique. Et pourquoi pas une taxe proportionnelle à la distance entre le donneur d’ordre et le télétravailleur si celui-ci n’est pas un employé permanent du donneur d’ordre ? L’argent collecté pourrait servir à améliorer les conditions sociales là où vit le télétravailleur et à soutenir la formation au niveau où réside le donneur d’ordre. 

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