Mauvais Plan pour l’humanité : la maison imprimée en 3D pour lutter contre le mal-logement dans les favelas

Est-ce que la Smart-City 4.0 va dévorer ses habitants ? Si cette initiative va jusqu’à son terme, elle nous démontrera que oui. Voyons pourquoi une ville capable d’imprimer une maison est un mauvais plan  …
Selon les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, il y aurait en France près de quatre millions de personnes mal-logées ou privées de domicile ; une problématique que l’impression 3D entend résoudre.
Si le mal-logement est un problème majeur pour les sociétés occidentales, c’est un phénomène endémique pour les pays en voie de développement, en particulier dans les favelas. Aussi la technologie a son rôle à jouer, pour garantir à travers le monde un logement décent aux personnes mal-logées ou sans domicile fixe. En effet, l’impression 3D pourrait être une solution majeure à cet enjeu sanitaire, sécuritaire et humain qu’est le mal-logement. Il est ainsi possible aujourd’hui de construire une véritable maison habitable en moins de 24 heures. Une révolution pour le logement d’urgence, à destination des sans domicile fixe ou des populations en migration, et pour le logement en général. Car avoir un toit au dessus de sa tête devrait être un droit pour tous. Aussi, aux États-Unis, l’ONG New Story, dont l’ambition est d’améliorer les conditions de vie des communautés dans les favelas, s’est associée à l’entreprise américaine de construction technologique ICON, afin de créer pour la première fois des maisons imprimées en 3D bénéficiant d’un permis de construire. La première, issue de cette collaboration d’un nouveau genre, se trouve à Austin, au Texas. Une communauté de maisons devrait ensuite voir le jour dans les prochains mois, nous promettent les deux acteurs. Une initiative inspirante pour toutes les villes qui souhaitent mettre un terme au mal-logement.

L’impression 3D permet de construire des maisons de manière plus économique. Cela est un fait. Mais les économies sont faites sur l’humain !

Nous retrouvons une version actualisée du débat sur la robotisation dans l’industrie. Nous savons que la robotisation détruit les emplois peu qualifiés et réduit les salaires. Mais une études récentes (lien) a démontré que la robotisation ne crée pas les emplois qualifiés attendus.
Au niveau de la Smart City 4.0, le fait que la ville n’ait plus besoin des humains pour se gérer et grandir est un scénario réaliste. La question est alors de savoir si elle reste au service du citoyen ou au contraire si elle l’assujetti (Cf notre article).

Réduire les coût : oui ! au détriment de l’humain : non !

Pour revenir à la question du logement dans les favelas, Il est certain que réduire le coût d’un logement de qualité est une bonne idée. La conférence TED de Carmeron Sinclair (lien) aborde le sujet. Gagnant du TED Prize, il a demandé à ce qu’une architecture open-source soit créée (lien). Plusieurs solutions existent comme PaperHouses (lien) ou OpenBricks (lien) et bien sûr The Architecture of Open Source Applications (#AOSA et lien). Ces solutions adressent les coûts des métiers qualifiés. Dans le cadre d’une Favelas ce n’est certainement pas un métier très local. Dès lors l’économie peut faire sens. Mais pour le reste, c’est la main d’œuvre locale peu qualifié qui est économisée. Autrement dit, une source de revenue et d’activité économique locale qui est affectée. Ces dimensions ne sont pas présentes dans l’article. L’ONG et le fournisseur de technologie qui font la promotion de la solution n’en parlent pas non plus.

l’impression 3D n’est pas la seule solution

Notons qu’entre l’approche imprimante 3D et la méthode traditionnelle, il existe les solution de maisons en kit. Cette approche existe depuis un certain temps. Toutefois, des entrepreneurs cile Zhang Yue (BROAD Group lien) travaillent sur des solutions pour réduire les temps de construction (lien) avec une approche plus en ligne avec les notions de développement durable. Et de fait, en plus d’être de l’humanitarianwashing, la solution d’impression 3D frôle aussi le greenwashing puisque, telle que présentée, la construction manque d’isolation et utilise un matériel à l’empreinte environnemental élevée.

Conclusion

Aucune technologie n’est mauvaise en elle-même, c’est son utilisation qui peut la transformer en démon ou en ange ! L’impression 3D de maison ne fait pas exception à cette règle. Il existe un cas où cette technologie fait sens : celui de la reconstruction d’urgence. De fait, il faut alors gérer un grand nombre d’urgence et construire très rapidement des logements temporaires en grande quantité. Ces maisons sont solides et valorisantes. La rapidité de construction est importante pour recréer une vie sociétale saine. Le faible coût permet à la fois d’être supportable par une économie malmenée et de ne pas bloquer l’économie de la construction.

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