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«Notre vision évolue moins vite que notre environnement », prévient Philippe Moati, directeur de recherche au Credoc et auteur de l’étude «Quel commerce pour demain?»Etude réalisée auprès des 160 acteurs du monde de la distribution (98 distributeurs, 16 institutionnels, 36 chercheurs et 10 consultants). Le champ de l’enquête couvre l’ensemble du commerce de détail, hors service et hors #e-commerce., présentée en exclusivité lors des 38e journées de l’Institut français du merchandising (IFM), au Cnit Paris La Défense, le 24 novembre dernier. « Cette distorsion provoque une certaine forme d’inertie, qui freine la stratégie d’adaptation des distributeurs », continue-t-il. Le décor est planté.
Les répondants (160 professionnels, dont 46 experts) sont massivement convaincus que le secteur du commerce est appelé à se transformer rapidement au cours de la prochaine décennie. Pour autant, la majorité s’accorde à considérer que les fondamentaux du secteur ne seront pas touchés. Seuls 36 % d’entre eux prévoient un changement radical. Ce sont les nouvelles technologies qui devraient constituer le bouleversement le plus important, pour 64 % des professionnels et 59 % des experts. « La concurrence de l’e-commerce est prise très au sérieux, continue Philippe Moati. Son poids s ‘établira, en 2020, à 24 % de parts de marché, soit une multiplication par quatre ou cinq par rapport à son poids actuel. » Les stratégies multicanal vont s’intensifier dans les dix prochaines années. Environ un répondant sur deux estime que l’e-commerce sera dominé par les entreprises du commerce en magasins (contre un sur quatre qui envisage la domination des pure players) . « Les mutations sociétales arrivent en tête des facteurs de changement susceptibles d’avoir l’impact le plus important sur l’évolution du commerce, explique le directeur de recherche du Credoc. 70 % des professionnels pensent que les attentes et le comportement des consommateurs auront un impact durable sur leur métier. » La montée de l’individualisme a mis à mal le modèle de la consommation de masse et les professionnels anticipent le fait que les consommateurs exprimeront des demandes de plus en plus ciblées et individualisées (54 % des distributeurs ont pointé «la capacité à mettre en oeuvre une offre différenciatrice»). 30 % des répondants expriment aussi spontanément le souhait d’une plus grande transparence dans les pratiques commerciales. Le volet RSE sera primordial pour mener à bien le changement, car la consommation deviendra synonyme de raison, de responsabilité et d’éthique.